Comme toutes les semaines, Léo met à l’honneur une page pro présente sur Yummypets. Aujourd’hui je vous présente Christine, coordinatrice de la mission "mon chien, ma ville".
- Qu’est-ce que le comité OKA ?
Le comité Oka est une association, constituée de juristes, vétérinaires, journalistes et experts. La présidente, Anne Vosgien est magistrat à la cour d’appel de Paris, le vice-président, Serge Belais, vétérinaire. Le but d’OKA (qui veut dire « On avance » en Gabonais) est de mettre en avant la défense de l’animal, préserver une espèce ou un biotope, apprendre aux habitants à respecter leur environnement. Nous intervenons par mission. Pour la première qui a duré plus de cinq ans nous sommes allés plusieurs fois en République Démocratique du Congo pour la sauvegarde des Bonobos. Le bonobo était le grand singe oublié, totalement méconnu par rapport à son cousin le chimpanzé. OKA a participé à la création d’une réserve naturelle, a lancé l’association des Amis des bonobos en Europe, a réalisé un livre photo et de nombreux articles pour la presse. Nous étions aux côtés de Claudine André et d’Alain Tixier pour soutenir le film « Bonobos ».
- Après les bonobos pourquoi avoir choisi la réhabilitation du chien en ville ?
Nous sommes directement concernés avec nos chiens et nous nous sommes rendus compte que pour les propriétaires canins, la vie en ville se compliquait au lieu de s’améliorer. Et principalement à Paris où l’on sent une nette volonté municipale de ne plus intégrer le chien dans la Cité. Si l’idée est de tout faire pour que le maître ne se sente plus accepté alors le pari est gagné. A Paris, il y a 15 ans, on comptait près de 400 000 chiens, il n’en serait plus que la moitié aujourd’hui.
- Le maître citadin se sent-il le mal aimé des villes ?
Difficile de penser le contraire ! Nous recevons de plus en plus de témoignages allant dans ce sens. Dans une France en urbanisation constante, les chiens peinent de plus en plus à trouver leur place. Le chien et son maître sont soumis à des diktats de plus en plus nombreux : transports en commun extrêmement réglementés, inaccessibilité de la plupart des commerces et des administrations, impossibilité d’aller au travail avec son chien… Et que dire du problème des espaces verts ? A Paris par exemple, vous n’avez aucun parc canin, contrairement à de grandes villes comme Londres, Berlin, Montréal, New York et la grande majorité des parcs sont tous simplement interdits aux chiens, donc à leurs maîtres. Et rejeter le chien revient à rejeter le maître.
- Impossible de parler du chien en ville, sans parler des crottes de chiens sur le trottoir ?
Comme il y a de moins en moins de chiens et de plus en plus de gens qui ramassent, mathématiquement il y en a moins mais il est clair qu’une seule CDC sur le trottoir en est une de trop. Et avec un brin de cynisme mais une dose de réalité, j’aime bien rajouter : « ce n’est pas parce qu’on y est tous… qu’il faut en plus marcher dedans ». Nous ferons tout pour expliquer aux propriétaires que ne pas ramasser c’est s’exposer naturellement à la colère du citadin. C’est l’opposer du mieux vivre ensemble. Comme dit Laurent Ruquier : « Je ramasse les crottes de mon chien. Ce n’est pas écolo, c’est civique ». Sensibilisons le plus grand nombre mais arrêtons aussi de considérer le chien uniquement comme « un caca sur pattes », chien ou pas chien, Paris n’est pas considéré comme une capitale propre et les citoyens qui prennent le caniveau pour une berne à ordure à ciel ouvert sont nombreux.
- Le chien est-il toujours le meilleur ami de l’homme ?
Il a toujours été le meilleur ami de l’homme mais ces dernières années son image s’est dégradée, stigmatisée sur son côté mordeur. Notre but est de redonner une image positive du chien. Les bienfaits auprès de l’homme sont indéniables, en ville, la dimension affective et le lien social que crée le chien sont unanimement reconnus. De plus en plus de scientifiques arborent dans le sens que le chien, le meilleur ami de l’homme est aussi très bon pour sa santé. Les propriétaires de chiens vont moins chez le médecin que les non possesseurs, ils sont moins stressés et auraient moins de maladies cardio-vasculaires. Leur présence auprès des bébés renforcerait certaines défenses immunitaires. Alors s’occuper d’un chien, apprendre à le connaître, l’éduquer et l’aimer, c’est bon pour le moral et la santé !
- Vous organisez le samedi 8 juin à Paris, à 14h30, la première grande manifestation cani-citadine et citoyenne ?
Nous serons nombreux, propriétaires, amoureux des animaux et du vivant en ville, pour manifester et convaincre les élus, l’opinion publique de l’importance de la présence du chien en ville. Parce qu’une ville sans chien est une ville sans âme. Nous partirons de la Mairie du 1er arrondissement et nous marcherons jusqu’au jardin des Tuileries. Réhabiliter l’image du chien, telle est la nouvelle mission d’OKA. Rejoignez-nous nombreux le 8 juin avec ou sans chien mais avec sourire obligatoire. Pour une meilleure organisation n’hésitez pas à vous inscrire sur le site : www.monchienmaville.com
- Quelles sont vos difficultés actuelles ?
Il faut beaucoup d’énergie pour mobiliser et sensibiliser. Nous avons la chance d’avoir des partenaires qui nous soutiennent avec ferveur mais il est clair que la morosité ambiante ne favorise pas les initiatives et l’engagement. Mobiliser les citoyens et motiver les professionnels, leur avenir aussi est en jeux ! Nous vivons des temps difficiles mais je garde cette certitude que la solidarité et l’empathie sont des belles valeurs humaines.
- Après la manifestation, quelles sont vos idées pour le futur ?
Ce n’est pas les idées qui manquent ! Nous réfléchissons sur différents projets (propreté, concours photos...) mais dans un premier temps nous allons nous déplacer dans les villes de France qui intègrent le chien dans la vie de la Cité. Mettre en lumière ceux qui font des belles choses. On peut prouver que valoriser la présence du chien en ville est possible pour le bien de tous. Les municipales approchent c’est le moment idéal pour faire entendre la voix des maîtres et des chiens. « L’harmonie entre l’homme, la nature et les animaux forme le triangle de notre survie », telle est la philosophie d’OKA.
Merci Christine, et longue vie aux chiens en ville, ainsi qu'au Comité Oka !