Dominique Tierny, une « solutionniste » au grand cœur !

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »… Sam avait un nom prédestiné quand il a croisé le chemin de Dominique Tierny. Derrière le cv impressionnant de ce « vétérinaire-chercheur-fondatrice d’OCR » se cache un petit bout de femme décidé au cœur d’artichaut. À la question « Sam, ça évoque quoi pour vous ? » arrive une réponse pleine d’émotion :

« Sam, c’est le nom d’un pointer qui avait été criblé de balles par son maître chasseur, furieux parce qu’il se sauvait tout le temps ! C’est le premier chien que j’ai adopté : j’étais étudiante à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort. Il me suivait partout. Et il a continué à se sauver…» ajoute-t-elle avec malice !

Des années plus tard, la mascotte du dessin animé réalisé pour OCR a été baptisée Sam, « par hasard », sans que les concepteurs ne connaissent le coup de cœur de Dominique. Hasard qui séduit la vétérinaire : « Cette mascotte, c’est le mélange de 2 chiens qui ont été 2 amours de ma vie : Sam, le pointer, et Princesse, mon bouvier bernois malheureusement décédé d’un cancer ! »

Dominique Tierny n’est pas non plus devenue vétérinaire par hasard : c’est bien plus qu’un choix de cœur, c’est une passion « obsessionnelle » guidée par l’idée de repousser toujours plus loin les limites des soins existants. Elle a créé OCR pour ça et c’est tant mieux pour tous les Sam et ses congénères! Cette femme de conviction s’explique :

« Je suis d’abord une vétérinaire qui veut soigner des chiens pour des cancers, et je suis en quête de nouveaux traitements pour pouvoir améliorer justement le traitement des cancers chez les animaux de compagnie en général, et pour Sam en particulier. Je me suis rapprochée de la médecine humaine parce que c’est là qu’il y a le plus de recherche sur le cancer pour la santé humaine. Et ça permet de rejoindre deux besoins : ceux des patients humains qui souffrent de cancer et qui ont besoin d’accéder plus rapidement à des nouveaux traitements : pour ça, il faut accélérer les processus de recherche et de développement. Et il y a « tous les Sam » qui ont ce même besoin de disposer de traitements à la fois nouveaux et à des coûts inférieurs parce que le propriétaire de Sam n’a pas forcément les moyens de financer ça. C’est à la jonction de ces deux besoins qu’OCR s’est créé et essaie de faire la passerelle entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire pour pouvoir à la fois soigner Sam et à la fois soigner les hommes ».

De là l’idée d’oncologie comparée qui fait travailler ensemble toutes les communautés scientifiques, qu’elles viennent du monde de la santé humaine ou de la santé vétérinaire et qui fait d’OCR une pionnière en la matière. Pas la moindre arrogance dans les propos de la vétérinaire-chercheuse, plutôt discrète et modeste, quand elle relate :

« OCR est la seule société qui propose ça en Europe. Il y a une autre société qui s’est créée aux USA il y a quelques années sur ce principe d’oncologie comparée. Actuellement, il y a 2 sociétés dans le Monde qui défendent cette position qu’on peut à la fois soigner les hommes et les animaux de compagnie en même temps, pour un bénéfice conjoint, en les incluant dans des essais cliniques ».

Les pionniers ont à franchir bien des obstacles lorsqu’ils poursuivent leurs rêves, même si leurs sentiments sont nobles. Car chaque fois qu’on parle de recherche, les gens confondent recherche et expérimentation. Comment s’en sort la vétérinaire avec l’éthique ?

« Quand on est vétérinaire ou médecin, on est aussi chercheur. C’est-à-dire que j’ai fait de la recherche toute ma vie pour soigner les animaux parce qu’il n’y a pas ou très peu de médicaments ou de traitements disponibles pour les animaux atteints de cancer. Alors soit on les euthanasie, soit on cherche des solutions ».

Dominique Tierny a choisi son camp : c’est une « solutionniste » qui ne s’est jamais résignée. Sam lui dit « merci » !

«  J’ai constamment cherché des solutions en allant puiser dans la médecine humaine, en utilisant des molécules, des produits de la médecine humaine pour les administrer à des animaux, à des patients chiens atteints de cancers et les soigner de leurs cancers, identiques à ceux développés par l’homme. Et ça marche ! Tous les vétérinaires cancérologues le font depuis des dizaines d’années ».

On sent la passion et la foi qui vibrent dans la voix et au travers de chaque mot.

OCR - épisode 3

« Ces molécules, ces médicaments humains n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché chez les animaux de compagnie : cela signifie qu’on est déjà dans un domaine de recherche. Ce que propose OCR, c’est d’utiliser des nouveaux traitements qui sont à destination de l’homme pour traiter les animaux atteints de cancer, un peu plus précocement dans le cycle de développement du médicament, mais avec des critères éthiques bien définis et très stricts ! Ne rentrera jamais un chien dans un essai clinique si on ne pense pas qu’il va y avoir un bénéfice pour le chien. C’est à dire qu’on a déjà des données de sécurité pour l’utilisation du produit chez le chien et des données d’efficacité qui ont été faites dans les études préalables. Quand on décide d’organiser un essai clinique pour traiter des animaux atteints de cancer, on le fait en s’imposant ces règles et à un stade de développement du médicament où on a déjà une balance du bénéfice risque très positive pour le chien. Bien sûr, il y a toujours une incertitude, comme dans tout traitement pour un cancer mais il y a plus de certitudes que le chien guérisse de son cancer qu’il pâtisse du nouveau traitement. Il y a une vraie conviction personnelle de pouvoir inclure un animal dans un essai clinique quand on a choisi de développer ces techniques en médecine vétérinaire ».

Plutôt que de baisser les bras, quand il n’y a pas de médicaments disponibles dans la pharmacopée vétérinaire pour traiter les animaux atteints d’une certaine maladie, les vétérinaires ont « l’autorisation de fait » d’utiliser des produits de médecine humaine : c’est ce qui se pratique en cancérologie avec les produits de chimiothérapies. Voilà qui ouvre le champ à bien des espoirs et à la vision portée par OCR de vraiment généraliser le principe de médecine unique. Cette volonté est appuyée par le fait que certains laboratoires pharmaceutiques, qui ont une branche santé humaine et une branche santé vétérinaire, ont développé des produits nouveaux en cancérologie pour la santé humaine et pensent pouvoir développer le même produit pour la santé vétérinaire avec une autorisation de mise sur le marché vétérinaire à la fois aux États-Unis et en Europe. Et OCR a des demandes concrètes sur ces produits.

« Il faut savoir que développer un médicament pour la santé humaine prend plus de temps que pour la santé vétérinaire : pour un homme entre la découverte de la molécule et la mise sur le marché, il peut se passer 15 ans » précise le docteur Tierny. OCR veut raccourcir ce temps pour le chien : tant mieux pour tous les Sam qui vivent bien moins longtemps que leurs maitres !

«  Si on arrive à faire des études cliniques, des études preuves de concept et des études pivotales, c’est à dire des études terrain avec un grand nombre de patients pour montrer que la molécule a un intérêt chez le chien, on pourrait la mettre sur le marché vétérinaire en 3 ou 5 ans. On arrive à diviser le temps par 3 parce qu’on va pouvoir bénéficier des études précliniques faites en amont in vitro et in vivo, qui sont communes au développement de la médecine humaine et vétérinaire pour développer des nouveaux traitements à la fois pour l’homme et l’animal ».

« Vis ma vie chez OCR, version Dominique » n’est franchement pas de tout repos : de l’énergie, elle en dépense sans compter pour soigner le cancer de Sam! Convaincue, cette passionnée a enfilé par nécessité un « costume de business woman » au-dessus de son habit de vétérinaire. La Recherche est exigeante : défendre son idée, partir en quête de partenaires financiers, de cliniques référées pour expliquer et accompagner les études cliniques, entretenir des contacts avec les communautés scientifiques grignotent bien du temps et ont fait évoluer son métier premier de vétérinaire. Ces pérégrinations aux multiple horizons s’opèrent avec son associé, Matthieu Dubruque, « business développeur* » dont la vocation est précisément de ratisser largement à travers le Monde pour faire connaitre OCR. L’expertise vétérinaire du docteur Tierny reste néanmoins un atout de taille et de référence. Mais Sam peut dormir sur ses deux oreilles : elle reste dans le concret, malgré son « hyper-activité » !

« Mon expérience est d’une très grande utilité au quotidien : parce que je conçois des protocoles qui sont au plus près de la pratique vétérinaire quotidienne afin que le cancérologue vétérinaire puisse avoir des preuves d’efficacité, de bonne tolérance et surtout d’amélioration de la qualité de vie du chien. On inclut systématiquement des grilles de qualité de vie dans les essais cliniques pour évaluer la qualité de vie de l’animal : c’est ma priorité. Et puis je pratique aussi mon métier par mes relations avec mes confrères vétérinaires qui participent au recrutement des patients chiens tous les jours et qui me demandent mon avis en fonction de la pathologie du chien sur des cas cliniques concrets, ou avec l’équipe OCR d’attachés de recherche clinique et de chefs de projet. Ensuite, il y a tout le network de cliniques vétérinaires qui adhèrent au projet,  qui est complètement européen, et qui s’étend aussi aux États-Unis, qui me permet de rencontrer des vétérinaires qui ont développé des grosses cliniques vétérinaires aussi en référé. Enfin, au quotidien, je communique auprès de la communauté scientifique humaine, des laboratoires pharmaceutiques, l’intérêt d’inclure des animaux de compagnie atteint de tumeurs spontanées dans des essais cliniques pour la santé humaine et, ça m’occupe aussi une grosse partie de mon temps ! Ces communications scientifiques sont d’un grand intérêt parce que ça permet aussi aux animaux de bénéficier de méthodes de diagnostic et thérapeutique très à la pointe et de faire des premières mondiales pour la santé vétérinaire, qui deviendront des premières mondiales pour la santé humaine ».

Hasard ou pas, Sam et la fondatrice d’OCR, c’est une histoire qui vient de loin et qui continue à s’écrire. Un épisode qui pourrait s’intituler : « Une belle rencontre ! »

Laurence Caron-Verschave.

* Prochain épisode : Sam a rendez-vous avec Matthieu.

2 Commentaires

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    Léandro S j'adore vos articles

    Francoise B superbe actes de dévouements a une cause souvent perdue d'avance..