La nature ne cesse de surprendre, mais certaines merveilles restent invisibles à l'œil nu… sauf sous une lumière ultraviolette. C'est le cas de plusieurs espèces de chauves-souris nord-américaines, dont le pelage et les membranes s'illuminent d'une lueur verdâtre lorsqu'elles sont exposées aux UV.

Cette étonnante découverte, publiée dans la revue Ecology and Evolution par quatre chercheurs de l'Université de Géorgie (États-Unis), révèle que la Sérotine brune, la chauve-souris rousse, la chauve-souris Seminole, Myotis austroriparius, la chauve-souris grise et le Molosse du Brésil partagent cette singulière propriété.

En étudiant 60 spécimens conservés au Musée d’histoire naturelle de Géorgie, les scientifiques ont constaté que leurs ailes, membranes interfémorales et membres postérieurs – bien visibles en vol – émettaient une lumière verte comprise entre 520 et 552 nanomètres. Ce phénomène se manifeste de la même manière chez les mâles et les femelles, et chez toutes les espèces concernées.

Une mutation encore pleine de mystères

Pourquoi certaines chauves-souris brillent-elles sous les UV ? Pour l'instant, le mystère demeure. Les chercheurs émettent l'hypothèse qu'une mutation génétique ancienne pourrait être à l'origine de cette caractéristique. Si elle s'est répandue, c'est probablement parce qu'elle a apporté un bénéfice sélectif à un moment donné de l'évolution. Aujourd'hui encore, cette lueur verte serait donc l'héritage d'un avantage ancien, peut-être devenu inutile mais conservé dans le patrimoine génétique des espèces.

Héritage ancien ou communication oubliée ?

La couleur ne semblant pas liée à la reconnaissance entre individus ni à un camouflage spécifique, les chercheurs envisagent plutôt une origine physiologique commune. Il est possible que cette fluorescence ait autrefois joué un rôle dans la communication visuelle entre chauves-souris, avant de perdre sa fonction au fil du temps.

Pour le vérifier, il faudra désormais étudier des spécimens vivants, dont la peau et le pelage réagissent peut-être différemment de ceux conservés au musée.

Les chauves-souris ne sont pas seules à briller dans le noir

Ces découvertes s'ajoutent à une liste croissante d'animaux capables de biofluorescence, c'est-à-dire d'absorber la lumière ultraviolette pour la réémettre dans le spectre visible. En 2020, les chercheurs ont ainsi montré que l'ornithorynque présente un pelage vert-bleu sous UV.

Les scorpions, eux aussi, offrent un spectacle similaire : presque toutes les espèces brillent d'un bleu-vert intense sous lumière noire. Là encore, la fonction de ce phénomène reste floue. Certains scientifiques pensent qu'il pourrait les aider à percevoir la lumière de la lune ou à se protéger d'une surexposition aux UV.

Ce parallèle souligne à quel point la biofluorescence reste un mystère partagé entre plusieurs espèces nocturnes ou crépusculaires, témoignant des adaptations étonnantes du monde vivant à l’obscurité.

Source : Sciences et Avenir.

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