Le lien entre l’Homme et l’animal est évident, à tel point qu’ils partagent aujourd’hui les mêmes cancers. Comme chez l’Homme, les facteurs de prédisposition, liés à l’animal lui-même ou à l’environnement, sont nombreux.

Zoom sur certains d’entre eux avec Bernadette Rogez, vétérinaire et étudiante en thèse sur les tumeurs mammaires chez OCR.

Les animaux âgés sont les plus touchés

La fréquence des cancers, tous types de tumeurs confondues, s’accroît régulièrement avec l’âge de l’animal mais certaines tumeurs toucheront plus particulièrement les animaux jeunes. « Par exemple, chez le chat, les lymphomes seront plutôt médiastinaux (thoraciques) chez les jeunes de 2 à 3 ans et digestifs chez les chats âgés de 10 à 12 ans. »

Attention aux antécédents familiaux

« La prédisposition va être d’ordre héréditaire, comme chez l’Homme, où les antécédents familiaux peuvent être retrouvés chez les descendants.» Prenons l’exemple des tumeurs mammaires. Chez l’Homme, il existe 2 gènes défectueux : BRCA1 (70% de risque de développer un cancer du sein avant 70 ans) et BRCA2 (50%). On se souvient d’Angélina Jolie qui, possédant le gène BRCA1, avait subi en prévention une chirurgie d’ablation. Chez la chienne, ces gènes sont également impliqués, notamment chez les Springer Anglais.

Des races plus ou moins touchées

Les prédispositions raciales sont nombreuses. « Le Boxer, dont le risque est 4 fois supérieur à celui de l’ensemble de la population canine, est plus susceptible d’être atteint d’un mastocytome (tumeur de la peau) alors que le Bouvier Bernois est plus enclin à développer une histiocytose maligne (tumeur généralisée d’emblée). » Quant aux chiens de très grandes races, le risque de développer des ostéosarcomes (cancer des os) est plus important, dû à leur croissance très rapide.

La stérilisation : un rôle protecteur

Il faut savoir que les hormones ont un rôle très important dans le développement des tumeurs mammaires. Les chiennes stérilisées auront beaucoup moins de risque d’être touchées. « La chienne doit être stérilisée le plus tôt possible : avant les premières chaleurs, l’animal a 200 fois moins de risque de faire un cancer. Après les troisièmes chaleurs, il n’y a plus de bénéfice. On considère qu’après 2 ans et demi, la stérilisation n’aura pas de rôle protecteur sur les tumeurs mammaires. » Si l’on veut que la chienne ait des petits, il faudra être particulièrement attentif : selon les études, jusqu’à 50% des chiennes non stérilisées sont atteintes d’une tumeur mammaire. À titre préventif, vous pouvez palper les chaines mammaires pour contrôler qu’il
n’y ait pas de petites masses. Si vous détectez quelque chose de suspect, demandez conseil à votre vétérinaire pour vérifier que ce n’est pas un cancer débutant.

Le tabagisme passif, néfaste pour les animaux

Touchés également par le tabagisme passif, les chiens peuvent développer des tumeurs nasales ou sinusales. Quant aux chats, ils seront davantage atteints de lymphomes ou de carcinomes épidermoïdes au niveau de la bouche. « Fumer est néfaste pour les proches. C’est exactement la même chose pour l’animal : indirectement, les maitres intoxiquent leur compagnon. »

Chiens des champs & chiens des villes

Les pesticides ont été mis en cause dans l’apparition de certains cancers, comme celui de la vessie chez les chiens vivant à la campagne. Les études actuelles semblent également montrer que selon le niveau de pollution, les chiens vivant en ville seraient plus à même de développer certains cancers, comme celui de la vessie ou de l’oropharynx. Une façon de prévenir cela ? « Quand il y a un pic de pollution, on évite, comme les enfants, de les laisser courir dehors. De manière générale, on peut supposer que ce que l’on applique aux enfants, on l’applique également aux animaux. C’est comme si on avait un enfant de plus à la maison ! »

La crème solaire, importante même pour les animaux

En cas d’indice UV élevé : méfiez-vous pour les animaux à poils blancs, davantage prédisposés aux carcinomes épidermoïdes. Les chats blancs ont 13 fois plus de risque de développer ce type de cancer. Chez le chien, il se développe majoritairement sur les zones non pigmentées des Dalmatiens, Beagles, Whippets et Bull-terriers. « L’application d’une crème solaire est recommandée sur les zones plus claires telles que l’abdomen, les oreilles et la truffe, mais attention au léchage qui limite son efficacité. »

Une alimentation saine et équilibrée, comme pour l’Homme

« On sait qu’une mauvaise alimentation est une cause de développement de certains cancers chez l’Homme. C’est le cas également chez l’animal. Mal adaptée par rapport à l’âge ou à la race de l’animal, elle peut favoriser l’apparition de cancers. » Un animal obèse à l’âge de un an aura un risque plus important d’être atteint d’une tumeur mammaire. De même pour les animaux nourris de « rations ménagères » non adaptées, c’est à dire préparées soi-même et trop riches en graisse ou en viande rouge.

La solution ? « Pour retarder au maximum ces facteurs cancérigènes, il faut appliquer aux animaux les mêmes précautions que l’on applique à l’homme ! »

Bernadette Rogez, diplômée de l’école vétérinaire de Lyon et d’un Master 2 en cancérologie à Lyon, est actuellement en thèse chez OCR sur les tumeurs mammaires de la chienne comme modèle du cancer du sein chez la femme.


Propos recueillis par L. Caron-Verschave

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