Sam, Matthieu, et les autres, côte à côte pour réussir...
Devinette : quelles sont les qualités d’un chercheur ? L’imagination, l’expertise, la patience, le courage, la foi… La liste peut s’allonger à souhait ! Gros défaut cependant : la gourmandise ! Si ce n’est lui le gourmand, ce sont assurément ses travaux de recherche qui sont voraces en financement. Paramètre incontournable pour les scientifiques, « l’argent est le nerf de la guerre » surtout quand il s’agit de s’attaquer à des sujets aussi pernicieux que le cancer ! Parler d’argent n’est pas plus tabou que de parler de cancer : c’est la case départ de tous les rêves d’OCR.
Le profil de Matthieu Dubruque, « business développeur », est donc loin de jouer l’intrus parmi le cercle des chercheurs d’OCR. L’expertise et les problématiques de développement d’un médicament en biotech, il en connait un rayon, lui qui a travaillé pendant 10 ans dans une biotech spécialisée dans les maladies métaboliques (stéatose hépatique non alcoolique). Matthieu est l’homme qui tombe à pic : les principales « cibles clients » d’OCR sont justement ces fameuses biotech pharma développeuses de médicaments pour la santé humaine, l’industrie vétérinaire développeuse de médicaments pour chien et chat et enfin le marché des compléments alimentaires pour chien et chat.
C’est dire si le business développeur est un allié de taille pour Sam. Jusqu’à présent, rentabilité oblige, l’industrie du médicament se souciait peu des cancers des animaux, car les coûts des traitements rebutent les propriétaires… Le bâton de pèlerin de Matthieu, c’est justement l’idée innovante d’OCR de guérir grâce à la médecine comparative, les cancers des hommes, mais aussi des animaux : son rôle est de trouver les partenaires qui, en mode gagnant-gagnant, vont soutenir OCR. En mode marathon, il opère sur un terrain de chasse plutôt étendu : l’Europe, les États-Unis, le Japon où lors des congrès Biotech-Pharma, il enchaîne les « speed dating bus dev » (speed dating business développement), « des rendez-vous de 30 minutes organisés en amont pendant lesquels on se rencontre pour la première fois (petit parallèle avec la vie des gens !) avec l’objectif d’apprendre à se connaître, d’éveiller l’intérêt de nos interlocuteurs pour ensuite aller plus loin» explique-t-il.
Reste à viser dans le casting la boîte qui va être pile-poil dans la cible ! Pour affiner sa fenêtre de tir, Matthieu explique :
« C’est un peu théorique mais il y a deux options : soit on a un médicament qui est en toute fin des essais chez les animaux et on sait qu’on va pouvoir traiter nos patients chiens avec une molécule dont le profil de sécurité d’emploi et d’efficacité est satisfaisant. Ou second cas, on a des molécules qui sont déjà chez l’Homme (c’était le cas avec les études Pierre Fabre par exemple), et on va traiter le chien en parallèle du développement chez l’Homme, comme l’explique notre cartoon. L’intérêt ? Ce n’est pas parce que la molécule est chez l’Homme qu’on a tout compris de cette molécule, loin de là, et en particulier en cancérologie. Pour mémoire, développer un médicament et le mettre sur le marché, ça prend 15 ans ! Je caricature, mais grosso modo, les études cliniques se déroulent sur la fenêtre année sept jusqu’à la mise sur le marché du médicament».
Pas d’inquiétude pour Sam : les médicaments proposés dans les études par OCR sont déjà totalement « dérisqués ». Les chemins d’investigation seraient plutôt : est-ce que je déclenche des effets secondaires forts ou pas ? Et en termes d’efficacité, est-ce que je combats la maladie correctement ?
La philanthropie n’est pourtant pas le fer de lance du business ! Forcément, la question qui taraude c’est « Et l’industrie du médoc, elle a quoi à gagner là-dedans ? »... La réponse du business développeur est claire :
« Ce qu’il faut retenir, c’est que les études menées conjointement avec OCR vont servir à ce que les médicaments soient plus efficaces chez l’Homme, et qu’au final les labos dépensent moins d’argent ou mieux, ou plus intelligemment ».
Puisqu’on parle d’argent, comment s’y retrouve-t-on chez OCR pour pouvoir offrir des études cliniques gratuitement aux propriétaires d’animaux ? Il faut bien que les équipes de chercheurs paient leur baguette du matin !
« La structure de coûts d’OCR n’est pas trop compliquée à comprendre… La recherche, c’est du super « jus de cervelle » hyper précieux, du temps des hommes et des femmes de l’entreprise dédié à construire des protocoles et à les faire vivre. Dans le devis établi avec nos clients Big Pharma, industrie vétérinaire, ou biotech, il y a une partie « jus de cervelle » et puis une partie « investigations cliniques» qui comprend toutes les étapes d’examen clinique, d’imagerie, d’analyse réalisées tout au long du protocole. Grâce à notre savoir-faire, on sait exactement combien ça va coûter. Donc on l’a négocié et validé avec le client, et on a l’argent disponible pour prendre en charge le traitement du chien du propriétaire ».
Le savoir-faire particulier d’OCR est suffisamment reconnu pour que l’industrie s’intéresse à cette jeune entreprise aux idées novatrices. Créer un protocole, le réaliser dans les bonnes pratiques, rapidement et avec les bons process requiert une capacité organisationnelle au sein d’une équipe très importante ainsi qu’une grande rigueur méthodologique. OCR vit et se déploie principalement avec des clients privés qui décident d’utiliser son savoir-faire, la paient pour ça et sont séduits par son positionnement unique sur la médecine comparative.
Au fait, pas trop compliqué l’éthique avec les labos pharmaceutiques, Monsieur Dubruque ? Sam et ses copains n’ont-ils rien à craindre ?... La prudence et la bienveillance sont deux constantes toujours présentes dans les discussions avec ses clients :
« Parfois, il y a effectivement un gap culturel à clarifier parce que les biotech pharma ont un rapport à l’animal d’expérience qui est routinier. Or, chez OCR, on fait l’inverse ! On propose de mutualiser un traitement humain pour traiter des patients chiens et répondre à une demande de propriétaires. La clé, c’est d’évaluer avec nos équipes de vétérinaires la sécurité d’emploi du produit et son efficacité avec les données disponibles à date. Il est arrivé que notre comité d’éthique interne refuse des études parce que ces preuves-là n’étaient pas suffisantes. Bien sûr, on pourrait nous accuser d’être juge et partie : mais non, parce qu’il est très important pour nous de refuser une collaboration si les données ne sont pas suffisamment satisfaisantes : une étude qui démarrerait avec des effets secondaires ou une efficacité trop faible va vite s’éteindre. Et des vétérinaires et propriétaires non satisfaits ne seront plus enclins à entrer dans une étude. Donc il existe un autocontrôle majeur sur ce sujet : c’est d’abord une volonté d’être dans une approche éthique, mais en plus, c’est vital sinon les études de toutes façons n’avanceront pas ».
Le sujet n’est pas traité à la légère, d’autant que le propriétaire de l’animal a la liberté d’interrompre les soins quand il l’entend : un argument pas facile à vendre à un labo financièrement engagé ! Du coup, ces précautions paient car le taux de sortie de patients en cours d’études est très faible, voire rarissime. Finalement chacun y trouve son compte, Sam le premier !
Les traitements innovants amenés par l’oncologie comparée sont plutôt convaincants et gagnent du terrain dans la profession vétérinaire : « OCR travaille aujourd’hui avec une cinquantaine de cliniques vétérinaires réparties dans toute l’Europe, de la Norvège au Portugal en passant par la Pologne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne. Des centres vétérinaires qui ont des spécialités souvent en oncologie mais aussi dans d’autres domaines, et qu’OCR est allé rencontrer, qu’on a pré-audité… Et autour de ces 50 grosses cliniques, on estime qu’il y a un réseau de 10 000 vétérinaires généralistes qui gravitent en Europe » témoigne Matthieu Dubruque.
Sam, Matthieu et l’oncologie comparée ont déjà fait de la route dans le chemin de la Recherche contre le cancer. Côte à côte, chacun à sa mesure compte sur l’autre pour progresser : malades, chercheurs et financiers. Et, pas de doute, Matthieu Dubruque le business développeur avale des kilomètres pour faire avancer le sujet : Sam le sait !
Laurence Caron-Verschave