Une étude britannique a récemment mis en lumière l'existence d'un circuit émotionnel lié à la douleur chez les invertébrés, les crustacés et les céphalopodes. Une découverte qui remet clairement en question certaines pratiques culinaires qui génèrent de la souffrance animale.

Les crabes, les homards ou encore les pieuvres sont sensibles à la douleur

À chaque fois que vous avez assisté à un repas composé de fruits de mer, une question vous a trotté dans la tête : "Ce homard que l'on vient de plonger vivant dans l'eau bouillante souffre-t-il ?". Peut-être vous êtes vous déjà senti(e) mal à l'aise devant cette scène et à juste titre. Une étude britannique a désormais la réponse à vos interrogation. Suite à un projet de loi sur le bien-être animal qui pose notamment la question du ressenti des crustacés ébouillantés, le gouvernement a demandé à la London School of Economics and Political Science de lancer une étude sur le sujet. Les scientifiques ont alors sélectionné 8 critères pour investiguer la sensation de la douleur et son ressenti par les animaux ciblés. Ces derniers sont :

  • la présence de nocicepteurs qui sont les récepteurs des stimulations douloureuses,
  • l'activation de certaines zones du cerveau spécifiques à la douleur,
  • l'apparition d'une connexion entre les deux critères précédents,
  • l'affectation des réponses par des anesthésiques,
  • le compromis établi du coût d'une menace pour un gain potentiel,
  • l'apprentissage associé à une douleur,
  • la modification des mécanismes d'autodéfense suite à cet apprentissage,
  • l'apaisement affiché une fois la douleur calmée.

Ces 8 critères ont été utilisés pour évaluer les preuves de l'existence du circuit de la douleur chez les animaux étudiés grâce à plus de 300 publications scientifiques. Des neuroscientifiques ont ensuite apporté leur expertise sur les résultats en suggérant qu'il fallait cocher au moins sept des huit critères pour qualifier un animal disposant d'une très grande sensibilité et au moins cinq critères pour une grande sensibilité. Enfin, si trois critères étaient cochés, l'animal en question était doté d'une sensibilité moyenne.

Les résultats finaux obtenus montrent qu'il existe une disparité de la sensibilité selon les espèces. Par exemple, les pieuvres font partir des animaux extrêmement sensibles, tandis que les crabes sont très sensibles et les homards, écrevisses et crevettes paraissent être moyennement sensibles. Le rapport final indique donc que les crustacés et les céphalopodes, malgré leur différence de sensibilité, sont bien considérés comme des "êtres sensibles à la souffrance". Cette conclusion permet donc au gouvernement britannique d'offrir un argument solide pour l'intégration de ces animaux dans la loi sur le bien-être animal.

Vers une interdiction de certaines pratiques

Suite à ces résultats, le manque d'éthique de certaines pratiques commerciales ou culinaires (ébouillantage, neutralisation des pinces) est pointé du doigt. Les scientifiques réclament tout bonnement leur interdiction, si une méthode alternative existe. Ils privilégient ainsi l'étourdissement électrique qu'ils jugent "mieux que rien", même si un protocole efficace doit être mis en place. De même, la méthode du piquage, qui permet d'abréger les souffrances en perçant la carapace dans le but de stopper l'activité du cerveau et du système nerveux, est plébiscitée. Afin d'éviter les risques de mauvais traitement, ils proposent également un arrêt de la vente à des personnes non formées sur ces méthodes.

Également pointé du doigt, les conditions de transports de ces espèces. Quelques recommandations ont été formulées, telle que le besoin d'abris sombres dans les caisses de transport, une température fraîche et un nombre d'individus limités.

Une prise de conscience mondiale ?

La Suisse avait déjà pris position en 2018 en interdisant tout bonnement la pratique de l'ébouillantage sans étourdissement du homard, ainsi que le transport des crustacés à des températures inférieures à 0. La souffrance des crustacés est également un sujet en France depuis quelques années. Les défenseurs de la cause animale espèrent voir de nouvelles réglementations sur le bien-être de ces animaux émerger dans les prochains mois.

Source : sciencesetavenir.

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