Traque organisée autour du cancer : Sam et Bernadette sont à l’affut !
Sam est une star : il est de tous les épisodes de « Vis ma vie chez OCR » ! Sa Mission est loin d’être impossible : le bouvier bernois mène l’enquête et furète à la rencontre des acteurs clés de cette société qui lui veut du bien !
Cette fois, Sam « le fin limier » a eu un coup de cœur pour une dame à la patience légendaire. Qualité qu’il a reniflée d’emblée chez Bernadette Rogez. Car il en faut de la persévérance pour exercer son métier. Sam a croisé une chercheuse passionnante, qui s’est arrêtée un moment pour lui raconter son quotidien.
Pas bégueule, Sam attaque direct la question :
« Nom d’un chien, c’est quoi la vie d’une chercheuse chez OCR ? »
Bernadette Rogez : « Chez OCR, une chercheuse, qui déjà à la base est vétérinaire, a à cœur le bien-être des animaux. Elle va tirer parti du fait que l’animal a été malade pour récupérer les tissus tumoraux, étudier leur biologie, comparer les similitudes chez l’animal et chez l’humain afin de mieux comprendre comment ça fonctionne. Son objectif est de trouver des traitements pour soigner ensuite à la fois l’animal, toi Sam, et l’humain Paul ».
Sam n’est pas la seule vedette du dessin animé d’OCR : il partage l’affiche avec Paul… qui partage aussi le même cancer !
Grognement de Sam, un peu jaloux ?... : « Mais tu es vétérinaire et pas médecin… »
BR : « Je suis vétérinaire mais au cours de mes études, je me suis rendue compte que le véto pouvait vraiment avoir une place importante dans la recherche en cancérologie. Et c’est fascinant de se dire qu’en étudiant les cancers de nos animaux domestiques, en les aidant et en les soignant, on peut aussi parvenir à soigner l’homme ! Du coup, ça a une portée beaucoup plus importante et beaucoup plus intense ».
Un même intérêt rassemble chercheurs en médecine vétérinaire et en médecine humaine. Même si ces derniers, concentrés davantage sur des lignées cellulaires humaines (des cellules de cancer cultivées pour être étudiées) sont beaucoup plus éloignés des tumeurs et de la réalité clinique. « L’inspecteur Sam » tout à son enquête ramène Bernadette sur la tumeur cutanée qui l’affecte :
BR : « Dans ton cas, Sam, lorsqu’OCR a réceptionné ta tumeur, un mastocytome (les cellules impliquées dans toutes les réactions allergiques d’hypersensibilité), on l’a traitée pour la conserver dans notre biobanque. Selon un protocole, elle est mise dans un bloc de paraffine pour lui assurer une stabilité dans le temps, pour qu’on puisse en couper des très fines coupes et l’analyser. Tout comme le fait l’anapath qui colore les cellules d’une certaine façon pour établir son diagnostic. Sauf que je ne vais pas utiliser ses lames. Je vais repartir de son diagnostic, et examiner d’autres coupes pour savoir exactement à quelle tumeur j’ai affaire et chercher d’autres choses »
Lueur de gratitude dans les yeux de Sam : « Et trouver vite la solution pour que j’aille mieux et que je puisse gambader ?... »
BR : « Le chercheur est juste au début d’une très longue chaîne qui s’étale sur plusieurs années. C’est très exploratoire. Ce que je vais identifier, ce sont des facteurs de risque, des cibles potentielles qui permettront de concevoir des médicaments efficaces pour les futurs traitements. Trouver une cible demande temps et précaution : il faut être certain que si on cible précisément une molécule, cela aura un réel effet ; ensuite viendra la mise au point du médicament, les tests, l’approbation… ça peut durer cinq à dix ans ! En résumé, on cherche quelque chose parce que chez l’humain on a décelé des pistes qui pourraient se révéler être une cible intéressante, on compare les similitudes chez le chien, mais ce n’est pas du tout moi qui vais trouver ton nouveau traitement, Sam ! On le sait en commençant… Mon travail d’aujourd’hui devrait permettre de soigner tes copains dans une dizaine d’années ».
Quand on dit que la patience est la première vertu du chercheur ! Bernadette Rogez explique que dans sa thèse (qui se déroule sur trois ans), elle a pour objectif de rechercher un ou deux facteurs de mauvais pronostics ; d’autres personnes prendront la suite de ses travaux pour confirmer (ou pas) que les facteurs qu’elle a identifiés permettent effectivement d’améliorer la survie de l’animal… Les chercheurs seraient donc une association de bienfaiteurs qui, sur un certain nombre d’années, vont s’appliquer à trouver des solutions en espérant gagner la timbale ?
BR : « C’est un peu ça, en sachant que dans 90 % des cas, on explore une piste et on se rend compte, en bout de course, que ce ne sera pas aussi prometteur que ça et que même si on bloque cette voie-là, la cellule maligne va se débrouiller autrement et que ça n’a finalement aucun effet ! ».
Probabilités d’échec plutôt décourageantes ! Sam est à l’arrêt et s’interroge :
« Mais qu’est ce qui fait marcher un chercheur ?… Il faut vraiment la foi pour faire ce métier ! »
BR : « Justement c’est ça : c’est la foi, c’est l’espoir de se dire qu’on va peut-être aider des milliers de personnes et des milliers d’animaux,… même si c’est sur le long terme ! ».
Le quotidien de Bernadette Rogez se conjugue donc au mode futur : elle n’intervient pas dans les études cliniques d’OCR qui valident des traitements actuels aux effets déjà probants. Son job se situe bien en amont : elle prospecte et explore des pistes futures en se servant des tumeurs collectées. Les échantillons qu’elle analyse ne seront pas pour autant à mettre à la poubelle ! Bien au contraire, ils sont maniés avec la plus grande minutie : à la fin de son travail, les blocs tumoraux retrouveront leur place dans la biobanque et pourront être réutilisés par ses pairs s’ils entrevoient un nouveau chemin d’investigation (avec de nouvelles coupes et de nouveaux marquages). Les lames sont quant à elles stockées dans des boîtes bien identifiées, prêtes pour un examen complémentaire s’il s’avèrerait nécessaire de vérifier une information de son thème de recherche. Jour après jour, le chercheur tient ainsi un cahier de laboratoire dans lequel il décrit avec détail les expériences menées, avant de résumer de façon plus globale chaque type d’expérience, en faisant en sorte que tout soit bien numéroté, étiqueté, rangé comme il faut. Un travail méthodique de fourmi ! Et toutes ses conclusions (la masse des données de ce qui a marché et de ce qui n’a pas marché !) seront consignées dans un gros manuscrit qui s’appelle le manuscrit de thèse.
Sa guérison, Sam ne la doit pas directement à Bernadette mais à d’autres scientifiques qui, avant et comme elle, se sont penchés sur son cas.
BR : « C’est pour ça qu’on appelle cela la recherche fondamentale : c’est vraiment la base, le tout début… Je ne suis pas du tout dans la recherche clinique. Je ne vois pas les animaux, je ne les soigne pas au quotidien : c’est vraiment fondamental, je travaille juste avec leurs tumeurs et j’essaie de trouver des nouvelles pistes ».
De quoi faire dresser les oreilles de Sam qui s’interroge, inquiet pour la race animale :
« En recherche fondamentale, on travaille sur des souris ?... »
BR : « Oui ! Sauf que pour l’instant, pour ce qui me concerne, j’ai réussi à éviter ça, et je m’en porte plutôt bien ! En plus, le métier de chercheur dans une société comme OCR, avec son concept de cancérologie comparée homme-chien, aide à réduire le « nombre » de souris utilisées par les labos de recherche traditionnelle... Là encore, je me dis que soigner un animal spontanément malade en lui donnant une chance de guérir, chance qu’il n’aurait pas sans cet essai clinique, ça peut permettre aussi de réduire au maximum toute cette expérimentation faite sur des animaux dits de laboratoire. Et chez OCR, l’éthique est forte : les études cliniques ne sont agréées que pour donner une solution nouvelle de soin à des animaux malades ! »
Sam a eu un coup de cœur pour Bernadette Rogez : on sait pourquoi !
Laurence Caron-Verschave.